Notre souffrance sert
Souffrir est un désordre et une laideur, devant quoi nous éprouvons un malaise ou une horreur instinctive, comme en face de la mort. Notre répulsion tombe pourtant, et nous nous résignons à la souffrance ou même nous allons à sa rencontre, dès que notre courage est affermi ou exalté par la certitude que nos efforts et nos sacrifices ne seront pas de l'énergie gaspillée, mais bien la rançon d'un bienfait, d'une conquête, d'un bonheur.
Cette certitude nous est précisément donnée à tous par la doctrine chrétienne de la Réparation, qui apporte ainsi au mystérieux et troublant problème du mal, tel qu'il se pose aux cœurs angoissés, la seule réponse capable de les apaiser.
Certes, elle est austère et elle effarouche notre nature, cette doctrine. Ne prêche-t-elle pas la nécessité des compensations expiatrices ? Ne rappelle-t-elle pas avec insistance que la Rédemption est un mystère de mort et de vie, qu'il nous faut communier aux abaissements, à l'agonie, à l'immolation de notre Sauveur, si nous voulons communier à sa vie éternelle ?... Mais, en même temps qu'elle enseigne ce devoir si dur à notre égoïsme, quel emploi magnifique de la souffrance, elle nous révèle ! et quelle merveilleuse fécondité !